Coronavirus : les exploitants de cinéma préparent la réouverture et veulent regagner la confiance des spectateurs

Quand pourra-t-on à nouveau voir un film sur grand écran dans une salle obscure ? La date de réouverture des cinémas n'est toujours pas connue. Nettoyage, effectifs réduits, les exploitants préparent tout de même le retour des spectacteurs mais le syndrome de la salle vide les hante.

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Après un mois et demi d'inactivité, les exploitants de cinémas redoutent, à Grenoble comme partout en France, une reprise poussive de la fréquentation des salles obscures après leur réouverture, dont la date reste inconnue.

"Nous n'avons aucune possibilité de nous projeter et cela amène beaucoup de précarité. Notre activité, qui repose sur le public, est mise en danger", souligne Bruno Thivillier, le directeur du "Méliès". Dans son discours devant l'Assemblée nationale, le Premier ministre Édouard Philippe n'a pas fixé d'échéance pour les salles. De son côté la profession espère un redémarrage, dans le meilleur des cas, au début de l'été.

Pour préserver l'emploi de ses salariés et l'économie fragile de son cinéma indépendant aux 120.000 entrées annuelles, Patrick Ortega, le gérant du "Club", a contracté un prêt garanti par l'État et activé une procédure de chômage partiel. "La situation est inédite depuis la création du cinéma par les frères Lumière. On navigue à vue depuis la mi-mars", relève le responsable de cette salle labellisée "art et essai". "Le Club" propose désormais sur la toile un programme payant de projections-débat "virtuelles" pour maintenir son lien avec le public. Mais l'initiative ne compensera pas le déficit d'environ 40.000 entrées que le cinéma va accuser sur l'année.

 

En Chine, une réouverture catastrophique


Patrick Ortega réfléchit à plusieurs scénarios de reprise, dont un "en effectif réduit, avec deux séances par jour, des jauges diminuées et une désinfection après chaque projection". "Compte tenu de la baisse de fréquentation attendue", il s'interroge sur les conséquences d'un possible redémarrage des cinémas au coeur d'une période estivale traditionnellement peu florissante. "N'est-ce pas encore se fragiliser ?", argumente le gérant, pointant des charges "reportées, mais pas annulées".

"En Chine, la réouverture a été catastrophique. Si la même peur gagne le spectateur français, il vaudra mieux rester fermé durant l'été", analyse Arnaud de Gardebosc, le directeur de la société de programmation, d'exploitation et de distribution grenobloise MC4. Comme lui, les exploitants de l'agglomération grenobloise espèrent que le public saura "retrouver le chemin des salles". Et que le confinement, durant lequel il a été inondé de propositions, n'a pas ancré de "nouvelles habitudes" de consommation sur les plateformes en ligne.

"Il nous faudra redonner le goût du plaisir collectif, le coeur de notre métier", souligne Sophie Mazard, la gérante de "La Vence Scène", une salle municipale située à Saint-Égrève, dans la banlieue grenobloise. Elle prévoit "des mesures d'hygiène draconiennes" pour tenter de "regagner la confiance" du public et relancer l'activité de son cinéma, qui a été amputé entre mars et mai de 10.000 entrées, sur les 60.000 réalisées chaque année.

    

Une bouffée de désir ? 


Pour Jacques Richer, le président de l'AcrirA, un réseau de 68 salles "art et essai" de la région alpine, le secteur pourrait bénéficier d'une "bouffée de désir" inédite d'une population lassée de son "expérience canapé". Une autre inquiétude tient au choix des distributeurs de décaler, à la rentrée, certains des blockbusters américains et des films indépendants "porteurs" qui endossent d'ordinaire le rôle de locomotive au creux de l'été. Cette situation handicaperait particulièrement les multiplexes, plus gourmands de ce genre de productions. "L'envie, c'est de rouvrir même si l'affiche sera moins alléchante. Mais qu'est-ce qu'on aura à proposer ?", questionne Jacques Richer. Il espère que le marché pourra à nouveau retrouver la normalité après "un à deux mois" d'activité. "Sans quoi, ce sera violent pour les salles", soutient-il, évaluant les "pertes sèches" du réseau de l'AcrirA à 800.000 euros jusqu'en juillet.

Les exploitants prédisent, à partir de septembre, un embouteillage de sorties qui va les contraindre, alors que la concurrence est parfois rude, à s'accorder pour faire une place à l'ensemble des films."On est tous interdépendants. Il faut que l'on soit solidaires car c'est par le collectif qu'on va s'en sortir", martèle Sophie Mazard. "J'espère qu'on parviendra à une entente cordiale pour proposer au public l'offre la plus diverse possible. Il faut remettre la machine en route", conclut Patrick Ortega.

 
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